La production d’une série d’animation au Cameroun a encore du chemin à parcourir pour atteindre les standards internationaux. Cependant, Waanda Stoudio s’est donné pour mission d’atteindre l’excellence avec la série d’animation Evou l’énergie cardinale.
Le processus de production d’une œuvre d’animation est pratiquement le même dans tous les studios du monde, quoique chaque studio puisse adopter des techniques qui lui soit propre.
La production diffère de la post- production qui vient donc après, et qui nécessite l’intervention des équipes souvent externes pour enregistrer les voix, le son et la musique.
Découvrons ensemble, le processus de production propre à Waanda Stoudio.
Le processus de production d’Evou, l’énergie cardinale
Hugues Bertrand Biboum, notre Directeur Artistique, nous a présenté le pipeline de production adopté par Waanda Stoudio.
- Comment commencez-vous à travailler sur un projet d’animation (Evou) et quel est le premier élément que vous concevez ?
Je travaille sur le projet Evou parce que c’est un projet interne à Waanda Stoudio qui tient à cœur au General Manager, Yannick Deubou sikoué, qui en est l’auteur. Il a pour ambition de placer la boîte parmi les meilleures non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde entier.
Le premier élément que je conçois est le personnage principal. Dans ce cas d’Evou, c’est le personnage qui se nomme Ada.
- Comment avez-vous travaillé avec les autres membres de l’équipe de production tels que les animateurs ? Et quel est votre rôle dans l’ensemble du processus de développement ?
Après avoir conçu les characters design de tous les personnages et le story-board, je donne ces éléments au directeur de production, qui lui à son tour les enregistres et les transmet aux layouters. Ces derniers conçoivent des layouts qui vont permettre aux intervallistes d’animer les personnages, puis on passe aux encreurs et aux coloristes qui à leur tour donnent le résultat final au monteur qui assemble le tout. Moi en retour je dois suivre tout le processus afin de m’assurer de la qualité du travail.
Mon rôle est de gérer l’équipe du point de vue de l’univers artistique, puis de les aider à évoluer du point de vue technique. Il est aussi question pour moi de faire le suivi du travail et contrôler la qualité de celui-ci, respecter au maximum la vision des managers qui souhaitent que le projet soit apprécié à un niveau international.
- Quels sont les outils et les technologies dont vous disposez pour réaliser votre travail sur le projet Evou ?
Pour le projet nous utilisons des ordinateurs avec d’assez hautes capacités, généralement des core i5 avec 32 Go de RAM, par ailleurs nous utilisons des tablettes graphiques à écrans et sans écrans. Ceci est suffisant pour des animations traditionnelles.
Pour le montage nous utilisons des Macintosh qui sont assez performants pour des exports vidéos à hautes définitions.
Enfin nous utilisons des logiciels d’animation et de montage vidéo tels que : Clips studio, after effet, Première pro.
La technique d’animation que nous utilisons pour Evou est la technique traditionnelle d’animation avec simulation de profondeur. Puis nous appliquons les couleurs avec la technique en aplat et ombre propre et ombre sur le sol. Enfin les décors sont peints numériquement avec une technique mixte à huile et en aquarelle.
A Waanda Stoudio, la production est chapeautée concomitamment par le D.A et le D.P, entendez par ce dernier, le directeur de production.
L’animation d’Evou
Franklain Koloko est le directeur de production (et homme multitâches d’ailleurs) à Waanda Stoudio.
- Quel est votre rôle dans la production d’Evou et comment travaillez-vous avec l’équipe ?
Sur le projet Evou, j’interviens à plusieurs niveaux. je suis directeur de production, Opérateur compositing, Lightning et VFX.
En tant que directeur de production quand je reçois le découpage technique du réalisateur, je supervise la production depuis le storyboard en établissant un calendrier de production qui va de la production du storyboard.
Dès que je reçois le storyboard, j’établis l’animatique. Ensuite, je distribue les tâches en fonction de mon objectif liés aux délais du calendrier.
En tant qu’opérateur compositing, quand je reçois les animations et les décors définitifs, je commence le compositing dans mon logiciel de compositing (After effets ou Nuke en cours d’apprentissage). À la suite, vient le VFX et le lighting très probablement dans le même logiciel. Mais je tiens tous ces rôles à cause du manque d’effectifs du studio car en réalité le compositing et le VFX constituent très souvent deux autres départements, ce qu’on va très probablement faire aussi dans un futur proche vu la taille de ce projet.
- Comment s’est passé l’organisation du travail ?
L’organisation des tâches dans le département production a été un peu compliqué pour moi au début vu mon manque d’expérience en tant que directeur de production et le manque de formation aussi. Donc du coup, l’équipe a subi mes frasques car j’apprenais en leur faisant travailler (rires). J’ai essayé plusieurs méthodes et logiciels tels que Mondays.com, et Microsoft Teams au final. Les calendriers de production ont subi le même sort mais vers la fin, je tenais déjà assez bien un calendrier précis avec une quantité d’animations par jour, par semaine etc. Au point de réussir à rattraper un travail d’animation qui a traîné pendant 06 mois en 01 mois et 2 semaines, donc je viens de loin ! Mais j’attaque plus sereinement l’organisation de mon équipe, la gestion des tâches et l’effectif aujourd’hui.
- Comment abordez-vous les enjeux créatifs et techniques liés à la réalisation d’un film d’animation comme la création de personnages, l’animation ?
La création des personnages est faite en fonction de la description dans la Bible littéraire de notre projet et de la vision que la direction artistique donne. Bien sûr on prend en compte le contexte socio-culturel de notre histoire. Ceci oriente nos recherches. Donc, ici il s’agit principalement d’encadrer et de donner un calendrier, calendrier qui dans cette étape est surtout rempli de plusieurs réunions, de recherches… Etc pour nous assurer que nous sommes en phase avec la vision du scénariste, du réalisateur et la vision globale du studio. Cette étape fait partie de la préproduction et les délais varient en fonction de la taille du projet. Mais c’est au minimum 03 mois.
Pour la création des animations, le travail est déjà plus précis. Vu que nous connaissons déjà le timing précis de nos différentes animations en fonction du timing donné par l’animatique, on peut concéder un délai précis de livraison des animations. Les actions sont données par le storyboard. Il faut veiller au respect des différentes lois qui sanctionnent une bonne animation.
- Comment gérez-vous les défis logistiques liés à la production d’Evou : la coordination du travail, les délais ?
On s’adapte juste en général face aux contraintes de notre société entre les coupures d’électricité, le débit faible d’internet etc. Il faut faire un calendrier de production en prenant en compte toutes les problèmes cités plus haut.
Il faut compter sur les samedis, les nuits aux bureaux, les jours fériés et surtout la disponibilité et la compréhension des membres de l’équipe, heureusement pour moi j’ai la meilleure équipe au monde. En plus d’être talentueux/ses, ils et elles sont dévoué.es et passionné.es.
Donc nous organisons facilement des journées de samedi, des nuits au bureau… Etc. pour être dans les délais. Je crois que travailler avec une équipe de passionnés, des gens qui travaillent pour réaliser des grandes choses rend tous tellement plus facile ( » we work because of passion and dreams « ) Tu arrives même à oublier toutes les contraintes. En tout cas merci à ma team.
En définitive, on peut dire avec certitude que la production d’une série d’animation est un processus complexe qui nécessite une collaboration étroite entre les différents départements. Chaque étape étant essentielle pour garantir la qualité et le succès de la série. L’animation se veut être un instrument efficace pour raconter les histoires Camerounaises à travers le monde, et c’est ce que Waanda Stoudio veut transmettre au travers de sa série d’animation: Evou, l’énergie cardinale.